
Normalien, spécialiste de la civilisation russe et de la période soviétique, Jean-Marc Négrignat enseigne à l’université de Poitiers, puis au début des années 2000 à l’ENS de Lyon. La maladie interrompt brutalement ce parcours consacré à l’enseignement et à des travaux de recherche tournés principalement vers les rapports entre expression culturelle et expérience historique du soviétisme, et plus généralement sur l’histoire de l’URSS. J.-M. Négrignat est l’auteur d’une thèse en sociologie politique intitulée Avoir été communiste : analyse d’autobiographies (Silone, Sperber, Koestler, Löbl) publiée en 2008 aux éditions des archives contemporaines. Il y analyse le processus qui annihile l’esprit d’un homme totalement dépendant, psychiquement et physiquement, à la cause qu’il défend avec le plus complet dévouement. Les livres, plus de 1500 entièrement catalogués aujourd’hui, qui ont été donnés à notre bibliothèque par sa veuve Maria-Luisa Bonaque, reflètent cet axe de recherche et, plus largement, les questionnements d’un homme profondément marqué par les totalitarismes. Ils recouvrent majoritairement les champs d’investigation suivants : l’histoire soviétique, l’histoire des idéologies, la littérature des camps, les expressions artistiques. Témoignage majeur du XXe siècle, la bibliothèque de J.-M. Négrignat donne la parole aux réprouvés, aux dissidents, et aux victimes et de la Shoah et du Goulag. Il faut citer le livre qu’il a co-dirigé avec son épouse et avec Elena Balzamo, Le verbe et le mirador, une anthologie de textes sur les camps soviétiques où se mêlent récits personnels d’anciens détenus et extraits d’œuvres littéraires.
[ill. : extrait de la couv. de l'ouvrage Le verbe et le mirador]