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Fonds Russie et Europe médiane

Les fonds Russie et Europe médiane sont une collection de plus de 100 000 documents, qui font miroiter toutes les facettes d’un univers géolinguistique, qui va de l’Europe centrale et orientale à l’Extrême-Orient russe : histoire, littérature et art, religion et philosophie, vie politique et sociale, exils et émigrations, échanges et influences.

Des imprimés variés, publiés du XVIe au XXIe siècle - monographies, revues et journaux, assortis de cartes, estampes, photographies, boîtes d’archives, manuscrits…, composent ce vivier, carrefour de transferts culturels et vision pluridisciplinaire d’un immense champ du savoir, qui résonne du bruissement des langues slaves et européennes, russe et française en tête. Forts d’un patrimoine hérité d’une bibliothèque jésuite initiée au XIXe à Paris par des exilés russes, de dons prestigieux hier comme aujourd’hui, et valorisés en collaboration avec la communauté scientifique, ces fonds spécialisés ambitionnent de témoigner de la vitalité de la slavistique en Europe et au-delà. Ils sont régulièrement enrichis par des acquisitions en français, en russe et en anglais.

Pour ses collections Russie et Europe médiane, la Bibliothèque Diderot de Lyon a obtenu officiellement en mai 2020 le label CollEx.

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Tableau des alphabets des langues slaves

Image extraite, page [48] de : Glagolita Clozianus : id est Codicis Glagolitici inter suos facile antiquissimi, olim, dum integer erat veglae in thesauro frangepaniano, habiti pro s. hiernymi bibliis croaticis, supparisque as minimum exarato a MLVII cyrilliano ostromiri novogradensis ... / edidit ... Batholomaeus Kopitar. - Vindobonae [i.e. Vienna] : Prostat apud Carolum Gerold, 1836. [Cote BDL FSJ GFA 1257]

Le fonds slave des jésuites, riche d’environ 80 000 documents, est une bibliothèque d’excellence sur la civilisation slave et l’histoire européenne. Il est lui-même un objet d’étude, en tant qu’outil de la transmission du savoir, et instrument de recherche sur le monde slave et l’Europe médiane, sur les relations franco-russes et sur l’émigration russe, dont il constitue un véritable lieu de mémoire. Ce gisement est le fruit de la réunion de deux fonds, le fonds Gagarine et le fonds Saint-Georges. Un aristocrate russe converti au catholicisme et devenu jésuite, Ivan Gagarin (1814-1882) est l’initiateur du fonds du même nom à Paris en 1856, dans le but d’œuvrer au rapprochement entre orthodoxes et catholiques. Des émigrés russes post 1917 créent à Constantinople, avec l’aide d’un groupe de jésuites, la communauté de Saint-Georges qui se dote d’une bibliothèque et qui s’établit à Namur entre les deux guerres pour s’installer à Meudon en 1945. Fonds Saint-Georges et Gagarine sont unis dans les années 1980 pour constituer la Bibliothèque slave de Meudon. La bibliothèque slave poursuit son histoire à Lyon et devient le fonds slave des jésuites : une convention de dépôt est signée en 2002, puis renouvelée en 2010, entre les Jésuites de France et l’ENS de Lyon.

Ces collections sont un vivier documentaire ambitieux, conçu pour servir deux mondes souvent antagonistes, qui ne cessent pourtant de s’enrichir l’un l’autre. Elles constituent le socle fondateur des fonds Russie et Europe médiane.

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Ex-libris de la famille Gagarin
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Ex-libris du fonds Gagarine
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Ex-libris du fonds Saint-Georges

Denis Dabbadie, professeur de russe et traducteur, a donné à la BDL plus de 1 200 documents imprimés, emblématiques d’une vie consacrée au rayonnement de la culture russe. La présence de nombreux albums publiés en français aux éditions Aurora de Saint-Pétersbourg témoignent de son activité de traducteur. La part primordiale prise dans ces collections par les expressions artistiques en tout genre à travers monographies et revues sur les arts du spectacle - la danse, le théâtre, sur la peinture, sur les arts décoratifs, reflète le vif intérêt que notre donateur porte à la vie artistique russe. La collection de livres pour les enfants compte 180 titres publiés au XXe siècle et représente un apport majeur à notre vivier de littérature jeunesse russe. Il faut citer en particulier deux ouvrages très rares, un recueil de contes de Klavdiâ Vladimirovna Lukaševič (1859-1937) publié en 1910, et une version de Konek-Gorbunok / Le petit cheval bossu, éditée en 1935 à Omsk, que l’on peut découvrir dans notre bibliothèque numérique. Enfin, Denis Dabbadie nous a confié des documents manuscrits qui appartenaient à son épouse d’origine russe. Il s’agit de la correspondance que son beau-père a entretenu avec sa famille durant la seconde guerre mondiale en Russie, plus de 340 pièces composées en grande partie de petites cartes postales. Pour en savoir plus sur ces échanges épistolaires qui seront prochainement signalés dans Calames, on peut lire l’article que Denis Dabbadie leur a consacré dans le numéro 75 (2017) de la revue « La faute à Rousseau », disponible à la BDL.

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Tatiana Mavrina (1902-1996), illustratrice

Origine de l’image :
Татьяна Маврина : графика, живопись / Н. Дмитриева. - Москва : Cоветский художник, 1981 Tatʹâna Mavrina : grafika, živopisʹ / N. Dmitrieva. - Moskva : Sovetskij hudožnik, 1981 [Cote BDL : FSJ GFA 951]

Né à Caudéran près de Bordeaux en 1936, le slaviste Claude Kastler est le fils de l’éminent physicien Alfred Kastler (prix Nobel en 1966) et professeur à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Il développe très tôt une véritable passion pour le monde du savoir et pour l’étude des langues en particulier.

Formé à l’allemand, au russe, au tchèque et au polonais, il mène une carrière à l’université de Grenoble. Il est l’auteur de trois grammaires, une russe - syntaxe et communication, une tchèque et une polonaise. Chercheur polyglotte tout autant que grand pédagogue, Claude Kastler construit tout au long de son parcours une bibliothèque très riche, consacrée à la culture slave. Il offre à la Bibliothèque Diderot de Lyon sa documentation sur Alexandre Voronski (1884-1937), auquel il a consacré un livre Alexandre Voronski, un bolchevik fou de littérature. Et, après son décès, sa veuve, Ludmila Kastler nous donne une grande partie de sa bibliothèque : environ 600 livres qui concernent la Pologne – langue et littérature en majorité mais aussi histoire, dont 80% sont en polonais, et environ une centaine d’autres qui regardent vers le monde tchèque. On y trouve les œuvres de nombreux auteurs dans leur version originale – Gombrowicz, Herling-Grudziński, Hrabal, Capek… et aussi des dictionnaires, dont le grand dictionnaire polonais unilingue en 50 volumes (1994–2005). Tous les ouvrages polonais sont à ce jour signalés dans notre catalogue.

[ill. : ex-libris de Claude Kastler]

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Válka s mloky / La guerre des salamandres

Origine de l’image :
Première de couverture de Válka s mloky / Karel Čapek ; [iIlustrace Adolf Born]. - Praha : Československý spisovatel, 1986 [Cote BDL FSJ GFA 1192]

Pour aller plus loin :

Pour en savoir plus sur C. Kastle, lire le billet du blog des fonds slaves que son épouse Ludmila Kastler lui consacre : Claude Kastler : la passion des livres, des langues et de l’enseignement (2017)

Après la révolution de 1917, Georges Maklakoff (1892-1969), fils d’un ministre de Nicolas II et neveu d’un chef de l'opposition libérale, s’exile en Allemagne, puis en France. En 1927, il est chargé de cours à la chaire de russe des Facultés catholiques de Lille, appelé aussi Institut russe, dont il assure la direction à partir de 1934 ; il y crée rapidement une bibliothèque. Il a également une activité de traducteur et de journaliste.

Ses articles nourrissent la presse de l'émigration et la presse spécialisée sur le monde slave. G. Maklakoff n’a de cesse d’enrichir la bibliothèque, grâce à de nombreux contacts auprès de chercheurs et d’éditeurs français et allemands. Il termine ses jours à Vaucresson, où il décède en 1969. Son corps repose au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois. Ce fonds comporte plus de 2000 documents, imprimés divers en cyrillique, publiés aux XIXe et XXe siècles. Les principales disciplines représentées sont l’histoire, le droit, la philosophie, l’étude de la langue et de la littérature, la pédagogie, et les questions religieuses où se reflètent les convictions de son initiateur, ardent partisan du rapprochement entre catholiques et orthodoxes. L’ensemble appartient à l’histoire de l’émigration russe, offrant de nombreuses publications venues des principaux centres de la Russie hors-frontières – éditions universitaires à Prague, Slovo et Gelikon à Berlin, Современные записки / Les Annales contemporaines ou Родник / La Source à Paris, et Издательство имени Чехова / Les éditions du nom de Tchékhov à New-York.

[ill. : Ex-libris du fonds Maklakoff]

Normalien, spécialiste de la civilisation russe et de la période soviétique, Jean-Marc Négrignat enseigne à l’université de Poitiers, puis au début des années 2000 à l’ENS de Lyon. La maladie interrompt brutalement ce parcours consacré à l’enseignement et à des travaux de recherche tournés principalement vers les rapports entre expression culturelle et expérience historique du soviétisme, et plus généralement sur l’histoire de l’URSS. J.-M. Négrignat est l’auteur d’une thèse en sociologie politique intitulée Avoir été communiste : analyse d’autobiographies (Silone, Sperber, Koestler, Löbl) publiée en 2008 aux éditions des archives contemporaines. Il y analyse le processus qui annihile l’esprit d’un homme totalement dépendant, psychiquement et physiquement, à la cause qu’il défend avec le plus complet dévouement. Les livres, plus de 1500 entièrement catalogués aujourd’hui, qui ont été donnés à notre bibliothèque par sa veuve Maria-Luisa Bonaque, reflètent cet axe de recherche et, plus largement, les questionnements d’un homme profondément marqué par les totalitarismes. Ils recouvrent majoritairement les champs d’investigation suivants : l’histoire soviétique, l’histoire des idéologies, la littérature des camps, les expressions artistiques. Témoignage majeur du XXe siècle, la bibliothèque de J.-M. Négrignat donne la parole aux réprouvés, aux dissidents, et aux victimes et de la Shoah et du Goulag. Il faut citer le livre qu’il a co-dirigé avec son épouse et avec Elena Balzamo, Le verbe et le mirador, une anthologie de textes sur les camps soviétiques où se mêlent récits personnels d’anciens détenus et extraits d’œuvres littéraires.

[ill. : extrait de la couv. de l'ouvrage Le verbe et le mirador]

En 2014, Madame Tatiana Schagall, fille d’émigrés russes, donne à la Bibliothèque Diderot de Lyon des archives sur la vie de sa famille, et surtout de ses parents, Pavel et Natacha. L’un et l’autre sont des acteurs des bataillons féminins créés après février 1917 par Alexandre Kerenski, pour relancer l’effort de guerre. Ils refusent la révolution d’Octobre. Natalia fuit la Russie des bolchéviques et Pavel s’engage dans les armées blanches. Dans l’exil ils écrivent leur autobiographie, À la nuit succède le jour : mémoires, dont nous conservons le tapuscrit. Tatiana Schagall et sa sœur Irène collationnent et organisent les documents que leur ont laissés leurs parents. Irène traduit leurs mémoires, publiés en 2012 et empruntables à la BDL. Les deux sœurs réalisent un petit album, où textes et photographies restituent l’intimité de la vie des Schagall dans une Russie aux couleurs sépia, disparue avec 1917. Certains clichés, dont des cartes postales produites pour servir la propagande de guerre de Kerenski, mettent en scène les fameux bataillons. La vie de ces soldates nous est connue grâce aux mémoires de la plus célèbre d’entre elles, Maria Botchkareva, dont notre catalogue propose plusieurs versions - les premières éditions de 1919 et de 1923, et celle publiée chez Armand Colin en 2012 par Stéphane Audoin Rouzeau et Nicolas Werth. Les sœurs Schagall ont aussi constitué un classeur avec d’autres portraits de la famille de Natacha, et avec des documents militaires attestant de l’engagement de Pavel dans la guerre civile.

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Natacha et Pavel Schagall

Pour aller plus loin :

Pour en savoir plus sur ce don, lire le billet du blog des fonds slaves : Le don Schagall : un regard intime sur la Révolution russe (2018)

La Bibliothèque Diderot de Lyon abrite les documents d’un spécialiste des langues slaves d’origine hollandaise, Cornelis van Schooneveld.  Formé à l’université de Leiden, le linguiste œuvre tout d’abord à l'université de Columbia (New-York), où il est l'un des premiers slavistes à suivre l'enseignement de Roman Jakobson.

De retour aux Pays-Bas, il devient en 1952 professeur des langues balto-slaves à l'université de Leiden. En 1959, il repart aux Etats-Unis où il enseigne à Stanford, puis à partir de 1966 dans l’Indiana à Bloomington.  Ses travaux s’appuient sur les théories de Jakobson et mettent en évidence des caractéristiques sémantiques spécifiques de la langue russe, applicables aussi à d’autres langues slaves. Le savant hollandais s’illustre aussi en tant qu’éditeur ; il crée d’importantes collections aux éditions Mouton & Co, dont les Slavistic Printings and Reprintings. Le don van Schooneveld réunit plus de 14 000 documents, consacrés à l’étude des langues et de la civilisation de l’Europe médiane, de la Russie et des pays du Caucase. Monographies et périodiques résonnent de multiples langues : roumain, bulgare, serbo-croate, slovène, tchèque, slovaque, polonais, turc, géorgien, arménien, et aussi hollandais et anglais. On y trouve aussi une trentaine de boîtes contenant des articles et notes éparses, ainsi que des cartes et des plans, rassemblés par notre donateur. Cette documentation est en cours de catalogage. Un inventaire de ce don et du contenu des boîtes est consultable sur le site de la BDL. Les archives proprement dites du linguiste sont conservées à l’Université de Leiden.

[ill. : signature de C.van Schooneveld]

En 2021, Anne-Marie et Athanase Tatsis-Botton donnent à la Bibliothèque Diderot de Lyon environ 1000 volumes, consacrés à la littérature russe, à l’orthodoxie et à la byzantinologie.

D’origine grecque, M. Tatsis-Botton réside en Suisse où il fait des études de génie civil puis de bibliothéconomie. Il exerce comme ingénieur de recherche puis comme bibliothécaire à l’École Polytechnique de Lausanne. Ses intérêts personnels gravitent autour de la religion orthodoxe au sein de laquelle il exerce diverses charges, dont lecteur et chef de chœur. Il a ainsi l’opportunité de traduire, du français au grec ancien et inversement, des textes liturgiques et des écrits byzantins. Extraits de sa riche bibliothèque constituée au fil des années, les ouvrages conservés aujourd’hui dans nos murs concernent la patrologie grecque, la liturgie orthodoxe, et la langue grecque. On y découvre par exemple le dictionnaire Μέγα λεξικόν όλης της ελληνικής γλώσσης / Mega lexikon olès tès ellènikès glôssès, ou encore les œuvres de l’archimandrite Sophrony ou de Saint-Jean Chrysostome.
Après des études de russe à l’École de Langues Orientales (à présent Inalco) et à la Sorbonne, Mme Tatsis-Botton accomplit une année de stage à la faculté de lettres de Saint-Pétersbourg, où elle commence à constituer sa bibliothèque. Puis, l’agrégation obtenue, elle enseigne dans divers lycées et classes préparatoires. Simultanément elle commence en 1990 une carrière de traductrice littéraire, qui devient son activité à plein temps après sa retraite. Mme Tatsis-Botton traduit des auteurs russes du XXe et du XXIe siècle - Sergueï Lebedev, Evgueni Vodolazkine, Maxime Ossipov, et le biélorusse Sacha Filipenko... Grâce à elle, les francophones connaissent l’un des plus grands représentants de la  littérature de l’émigration russe, Alexis  Remizov, (1877-1957).  Les livres offerts à la BDL, en cours de signalement dans notre catalogue, sont un enrichissement considérable de notre corpus de littérature russe.

[ill. : extrait de la couv. de l'ouvrage Мышкина дудочка / La flûte aux souris, 1953]

 

En 2008, au terme d’une carrière consacrée à l’enseignement, Ghilaisne Yvanoff-Limant (1942-2012) donne à la Bibliothèque Diderot de Lyon sa bibliothèque entièrement tournée vers les études russes.

Si le monde russe domine, on y trouve aussi quelques ouvrages en polonais. Il faut noter également la présence de nombreux exemplaires d'éditions de l’émigration russe ; grâce à des marques de provenance, certains témoignent de la présence à Lyon de cette communauté. Le fonds incarne aussi la passion qui a animé tout au long de sa vie notre donatrice : la vie et l’œuvre de Marina Tsvetaeva (1892-1941). Outre monographies et revues, cette documentation sur la poétesse nous offre 17 boîtes d’archives composées de brochures, coupures de presse, photocopies d’articles, notes de travail, photographies… Ces dossiers sont dépouillés par Anna Lushenkova Foscolo (Université Jean Moulin Lyon 3, MARGE). Grâce à son exploration savante sont découverts une trentaine d’écrits manuscrits de Tsvetaeva, des lettres et des messages datant de 1938-1939. Cette correspondance est publiée en 2021, avec traduction et commentaires, par A. Lushenkova Foscolo, dans l’ouvrage dirigé par Tatiana Victoroff et Valentina Chepiga : Marina Tsvetaeva et l'Europe, Éditions des archives contemporaines, version électronique disponible en accès libre. Les inédits eux-mêmes sont signalés dans Calames et accessibles intégralement dans notre bibliothèque numérique. Les monographies de ce fonds sont en grande partie cataloguées.

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Portrait non daté de Marina Tsvetaeva

Origine de l’image :
Photographie de la poétesse extraite des dossiers d’archives de Ghislaine Yvanoff Limant.