Les révélations du mot à mot (Colloque international)

Colloque

du 27/05/2021 au 28/05/2021

Visioconférence

Intervenants

  • Gayaneh Armaganian (ENS de Lyon, CERCC)
  • Natalia Gamalova (Université Lyon 3, CEL)
  • Germain Ivanoff-Trinadtzaty (Université Lyon 3, CEL)
  • Anne Maître (BDL)

Colloque international organisé par
le Centre d’Études Linguistiques — Corpus, discours et sociétés

 

Colloque en visio-conférence 
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Présentation

Théoriciens, traducteurs, écrivains et professeurs de langue désapprouvent le mot-à-mot, car il « massacre le sens » [Mounin, 1976 : 13-14]. Gaucherie et maladresse étrangère à la langue-cible, le mot-à-mot contredit ou interdit les ambitions esthétiques qui veulent rendre l’élégance de l’œuvre, restituer son rythme et son « souffle ».
Cependant, dans certaines circonstances, le mot-à-mot ou le ligne à ligne sont indispensables, exquis, précieux ou encore propices à la compréhension des faits de langue. Rappelons dans quelles conditions le mot-à-mot peut s’avérer pertinent.

Premièrement, dans les traductions des textes patristiques, bibliques et liturgiques, le principe verbum pro verba peut constituer une démarche érigée en règle ; parmi les traductions de la Bible hébraïque en grec, assemblées par Origène, c’est le nom d’Aquila qui se rapporte au littéralisme sacrifiant la syntaxe et la grammaire grecques au nom de la lettre.

Deuxièmement, les emprunts et les calques suggèrent que les mots sont « interchangeables » [Bally, 1951 : 49] ; un calque est une « copie d’un mot imagé ou d’une structure étrangère » [Mounin, 1976 : 93].

Troisièmement, le ligne à ligne peut servir de version intermédiaire, tout à fait légitime, mise à la disposition du traducteur qu’il soit ou non l’auteur de ce « brouillon ». Nous souhaitons étudier tout particulièrement les cas où un poète traduit les vers d’une langue qu’il ne connaît pas.

Quatrièmement, plusieurs écrivains ont voulu rendre à la traduction littérale sa dignité, revendiquer une prose libérée des entraves de la contrainte poétique. Selon Chateaubriand, « …on en viendra peut-être à trouver que la fidélité, même quand la beauté lui manque, a son prix » [1990 : 101, 111] ; Vladimir Nabokov, lui aussi, a réhabilité le mot-à-mot au nom du respect du sens ; sa traduction d’Eugène Onéguine en témoigne. Olga Sedakova défend le mot-à-mot dans la traduction poétique car c’est une mise à l’épreuve de l’audace du traducteur.

Le numéro 20 des Modernités russes sera consacré au ligne à ligne, souhaité ou nécessaire, à la « symétrie » des langues et des textes, ainsi qu’à la littéralité et au sens littéral dans la langue, le commentaire littéraire et les études linguistiques. Les sujets de réflexion se rapportent aux différents domaines des lettres slaves : prose et poésie, théorie et pratique de la traduction, Écritures, lexicologie, grammaire. Les communications pourront traiter — mais pas exclusivement — des questions suivantes :

  • quel antagonisme oppose, dans la traduction, la lettre et l’esprit, le sens et la résonance du texte ?
  • quel instinct analogique fait chercher « des correspondances infaillibles et immuables entre les mots de deux idiomes » [Bally, 1951 : 48], notamment chez les élèves débutants ?
  • comment les dictionnaires bilingues cautionnent-ils le parallélisme des langues ?
  • la terminologie spécialisée représente-elle ce cas idéal où le mot pour mot est recherché ?
  • quel lien unit la parole sacrée et le mot-à-mot (« ne pas reculer devant l’archaïsme et le néologisme pour calquer un terme ; ne pas reculer devant l’obscurité pour calquer l’ordre des mots » [Delcourt, 1925: 136]) ?
  • quel rôle remplissent les calques en général et, plus spécialement, les calques dans les traductions liturgiques, philosophiques et scientifiques ?
  • comment conjuguer les fonctions utilitaires et littéraires des versions intermédiaires et des traductions-relais ;
  • quel rôle ont joué les versions intermédiaires et les textes-relais dans les traductions à partir des langues dites rares ?
  • que se passe-t-il avec la langue lorsqu’on passe d’une traduction « brute » et littérale à un texte littéraire à part entière ?
  • quels écrivains et traducteurs ont-ils relevé le défi du littéralisme dans les buts esthétiques ?

Bibliographie de la présentation

Bally Charles, Traité de stylistique française. Vol. 1. 1951, 3e éd. C. Klincksieck, 1951.

Chateaubriand F.-R., « Remarques », John Milton, Le Paradis perdu (1836). Belin, 1990.

Сombes Ernest, Profils et types de la littérature russe. Paris, Fischbacher, 1896.

Dryden John, « The Preface concerning Ovid’s Epistels » (1680), The poetical works of John Dryden. Vol. V. London, W. Pickering, 1852.

Delcourt Marie, Étude sur les traductions des tragiques grecs et latins en France depuis la Renaissance. Bruxelles, M. Lamertin, 1925.

Mounin Georges, Linguistique et traduction. Bruxelles, Dessart et Magdaga, 1976.

Nabokov Vladimir, « Problems of translation : “Onegin” in English », Lawrence Venuti, The Translation Studies Reader. New York, Routledge, 2000, p. 113-125.

Гаспаров М. Л., « Брюсов и буквализм », Поэтика перевода. Cост. С. Ф. Гончаренко. Москва, Радуга, 1988, с. 29-62.

Гаспаров М. Л., « Брюсов-переводчик. Брюсов и подстрочник », М. Гаспаров, Избранные труды в 3-х томах. Т. 2. Москва, 1997, с. 130-140.

Гаспаров М. Л., « Подстрочник и мера точности », М. Гаспаров, О русской поэзии. Анализы. Интерпретации. Характеристики. Санкт-Петербург, Азбука, 2001, с. 361-372.

Гейм М., « О переводе дословном и вольном. Прагматический подход к теории перевода », Альманах переводчика. Сост. Н. М. Демурова, Л. И. Володарская. Москва, РГГУ, 2001, с. 9-19.

Седакова Ольга, « Беседа о переводе стихов на русский язык и с русского. Интервью Е. Калашниковой ». Персональный сайт Ольги Седаковой : olgasedakova.com/interview.

Programme

Jeudi 27 mai 2021

9h40

Accueil Visioconférence Cisco Webex

10h00

Introduction
Natalia Gamalova (université de Lyon UJML3, France)

10h15-10h45

Conférence plénière
Traduire, être traduit : outils et illustrations dans les fonds Russie et Europe médiane de la Bibliothèque Diderot de Lyon
Anne Maître (Bibliothèque Diderot de Lyon)

Première séance. Présidente : G. Armaganian-Le Vu

10h45-11h15

Podstročnik : les destinées de la parole scolaire
Vsevolod Zeltchenko (université d’État de Saint-Pétersbourg, Russie)

11h15-11h45

Entre mot à mot et paraphrase : de la Vulgate à la Bible de Port-Royal
Élisabeth Vuillemin (université Lyon 2 Lumière, France)

11h45-12h15

Un mot à mot intraduisible ? La poésie macaronique d’Ivan Mjatlev (1796-1844)
Michel Niqueux (université Caen-Normandie, France)

12h15-12h30. Discussion

12h30-14h00. Déjeuner

Deuxième séance. Présidente : N. Gamalova

14h00-14h30

Le mot à mot comme genre dans l'œuvre de Joukovski-traducteur
Natalia Nikonova (université d’État de Tomsk, Russie)

14h30-15h00

Les traductions de l’arménien d’Ahmatova : entre littéralité et échos du Requiem
Gayaneh Armaganian-Le Vu (École normale supérieure de Lyon, France)

15h00-15h15. Discussion

15h15-15h30. Pause café

15h30-16h00

Du serbe en serbe : Milorad Pavić et sa traduction des Chants des Slaves d’Ouest de Puškin
Anna Jakovlevic Radunovic (université de Belgrade, Serbie)

16h00-16h30

La différence entre les auto-traductions et les traductions professionnelles
Rosina Neginsky (univeristé d’Illinois, Springfield, US)

16h30-16h45

Discussion et fin de la première journée du colloque

Vendredi 28 mai 2021

Troisième séance. Présidente : A. Maître

9h40

Accueil Visioconférence Cisco Webex

10h00-10h30

Certaines modifications de la structure sémantique du texte français dans les traductions de Nikolaj Gumilëv
Galina Mikhaïlova (université de Vilnius, Lituanie)

10h30-11h00

La spécificité des traductions de Pasternak : de la traduction des paroles à la traduction des pensées
Anna Sergeïeva-Kliatis (univeristé d’État Lomonossov, Moscou, Russie)

11h00-11h15. Discussion

11h15-11h45

Les traductions littérales des sonnets de Pétrarque et les traductions d'Osip Mandel’štam : liberté et nécessité en contrepoint
Lioubov Kikhney & Ioulia Chouïskaïa (institut du droit international et de l’économie Griboïedov, Moscou, Russie)

11h45-12h15

« Je suis devenu, malgré moi, interprète... ». Trois traductions de Phèdre de Racine en russe
Nadejda Bountman (université d’État Lomonossov, Moscou, Russie)

12h15-12h45. Discussion

12h45-13h00

Publications et référencements. Prairial.
Natalia Gamalova (université de Lyon UJML3, France)

13h00

Conclusions et ouvertures

Compléments d'information

Voir aussi

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Mise à jour : 01/11/2024